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Louise Dechêne

Louise Dechêne

Louise Dechêne (1928-2000) est une historienne québécoise de renom. Professeure à l’Université de Montréal et à l’Université d’Ottawa puis, pendant près de deux décennies, à l’Université McGill, elle est l’auteur de plusieurs études historiques marquantes.

La parution, à Paris en 1974, de son premier livre Habitants et marchands de Montréal au XVIIe siècle (Boréal compact no 5) constitue une date charnière dans l’historiographie canadienne. Cet ouvrage signale en effet l’arrivée de l’école historique française des Annales sur les rives du Saint-Laurent. Il a remporté le Prix du Gouverneur général et le prix François-Xavier-Garneau.

Vingt années de recherche et d’enseignement plus tard, Louise Dechêne entreprend de publier ses travaux sur le pouvoir en Nouvelle-France. Paru aux Éditions du Boréal en 1994, Le Partage des subsistances au Canada sous le Régime français analyse la circulation des grains dans la colonie et sa gestion par un État autoritaire aux préoccupations avant tout militaires.

En 2009, le prix Lionel-Groulx a été décerné à Louise Dechêne pour son livre Le Peuple, l'État et la guerre au Canada sous le Régime français, paru en 2008 à titre posthume aux Éditions du Boréal. L’auteur y étudiait la place de la guerre dans la société coloniale, depuis les états-majors des troupes jusqu’aux miliciens mal entraînés des paroisses rurales, en passant par  les indispensables alliés amérindiens. Au même titre que ses précédentes contributions, ce livre a modifié considérablement notre vision de la Nouvelle-France.

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À propos de Habitants et marchands de Montréal au XVIIe siècle

L’auteur présente cette volumineuse étude comme «l’histoire de la mise en place d’une organisation économique, de la formation d’une société» (p.10). Puisque c’est de Montréal qu’il s’agit et que le travail prétend se contenir dans le cadre du 17e siècle (cette «mise en place» est en effet achevée dans le premier quart du 18e siècle), Louise Dechêne se penche tour à tour sur la population, le commerce et l’agriculture pour finalement dresser un tableau de la société elle-même où apparaissent à la fois l’encadrement juridique et géographique, les catégories sociales, la famille et le milieu religieux du Montréal en gestation. Illustré par une quarantaine de tableaux dans le texte, l’ouvrage comporte également une trentaine de graphiques, sept cartes et une bibliographie qui s’étend sur 35 pages.

On se défend mal d’une certaine gêne à tenter de résumer et d’évaluer dans un cadre aussi restreint une étude de cette envergure, tant l’on se sent exposé à ne pas rendre justice à la qualité de l’ouvrage comme à la somme énorme de travail qu’il représente. Sur chacun des points qui forment les assises de son enquête, Louise Dechêne s’est livrée à une étude exhaustive, mais en accordant un soin particulier aux archives des notaires: «Avant tout, c’est dans les minutes notariales que j’ai puisé les matériaux de cet ouvrage» (p. 9). La manipulation de milliers d’actes, contrats de société, obligations, engagements, inventaires des marchands, acensements, ventes de terres, fermages et inventaires des habitants: leur analyse selon une méthode rigoureuse et leur confrontation à une abondance d’autres témoignages ont permis à l’auteur de dresser un tableau d’un étonnant relief sur l’édification de la structure sociale de Montréal. Louise Dechêne réussit en particulier à mettre à jour les éléments de cette synthèse qui s’est opérée entre les modes de production et d’échanges propres à la colonie et les apports institutionnels et idéologiques de la vieille France.

La langue est austère, un peu sèche même, à l’image sans doute des actes notariés que l’auteur a longuement fréquentés. Cette sévérité au niveau du style laisse pourtant découvrir une pensée nuancée et souple, un esprit scientifique qui pose des questions, qui ne craint pas d’avancer des réponses et de soulever des hypothèses, mais sans chercher à donner le change sur la valeur de ses intuitions et de ses interprétations: «Je soulève des hypothèses et offre parfois une interprétation, mais sans jamais dissimuler les faiblesses de la démonstration, le cas échéant. N’est-ce pas ainsi que l’histoire vit et sert?» (p.11)
Le Livre canadien, février 1975

À propos de Le Peuple, l'État et la Guerre au Canada sous le Régime français.

L’argument est bien mené. Mentionner ici deux ou trois indices de preuve serait faire insulte à l’ampleur de la démonstration. Il faut lire Le Peuple, l’État et la Guerre au Canada sous le Régime français. Louise Dechêne  était très exigeante envers elle-même et elle demande au lecteur de l’accompagner dans son analyse, un effort qui dépasse largement le travail que s’imposent généralement les rédacteurs de discours de nos politiciens chaque fois qu’ils ressentent l’urgence de se prononcer sur le sens véritable de l’histoire du Québec et les leçons qu’il faudrait en tirer.
Bernard Arcan, Le Libraire


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