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Ying Chen

Ying Chen

Ying Chen est née à Shanghai en 1961. Diplômée en langue et littérature françaises de l’Université Fudan à Shanghai, elle s’est installée à Montréal en 1989, où elle a obtenu une maîtrise en création littéraire de l’Université McGill. Elle a publié des romans, dont L’Ingratitude (en lice pour le prix Femina 1995, lauréate du prix Québec-Paris et du Grand Prix des lectrices de Elle Québec), de même que des essais, dont La Lenteur des montagnes (Boréal, 2014).

Presse

[…] Ying Chen a pourtant l’air bien sage avec sa tresse qui retombe sur son épaule droite. Sage comme une image, mais espiègle comme sur ses photos. Elle ne sait trop comment réagir quand je lui demande si elle l’est. Espiègle? Elle ne sait pas si ce mot est péjoratif. En «exil linguistique» depuis qu’elle s’est installée à Montréal en 1989, Ying Chen a parfois l’impression qu’elle ne maîtrisera jamais tout à fait sa langue de travail. Peu d’écrivain ont réussi l’exploit: le romancier polonais Joseph Conrad écrivait en anglais, le dramaturge irlandais Samuel Beckett en français. Mais elle ne veut pas attirer éternellement l’attention sur ses origines. «Je préfère être considérée comme un être humain qui écrit et non pas comme une Chinoise qui écrit en français», dit-elle.

Même si elle a fait des études de lettres françaises en Chine et au Québec (à l’Université McGill), écrire en français demeure pour elle un travail considérable, presque «tragique». Là où les francophones entendent des chansons d’amour, Ying Chen, comme les immigrés qui peuplent ses livres, entend des conditionnels passés: le cœur ne peut que s’incliner devant la grammaire.

«Je me sens comme Sisyphe condamné à pousser éternellement un rocher sur une pente, explique-t-elle. Je sais que, parvenu au sommet, le rocher va retomber, qu’il y aura toujours quelque chose que je ne saisirai pas. C’est épuisant. Je suis poussée à travailler plus fort que les autres pour obtenir à peu près la même chose. Mais si on vit tout le temps dans la facilité, on s’alourdit.» […]

Michel Arseneault, «douce violente», Elle Québec, août 1996.


À propos de Un enfant à ma porte

«Un roman étonnant qui révèle une tragédie au quotidien avec une ironie implacable. C’est écrit avec une plume acérée. C’est un livre qui est nécessaire parce que c’est un livre terrible. C’est dur comme livre, mais c’est ça qu’il faut pour réveiller. C’est comme un électrochoc que vous vous donnez. C’est très très puissant.»
Chrystine Brouillet, Radio-Canada 95,1 FM, Vous m’en lirez tant

«Un roman étrange et étonnant. Un texte à l’ambiance surnaturelle. Une écriture à la fois directe et très métaphorique.»
Manon Trépanier, Radio-Canada 95,1 FM, La Librairie Francophone

«Un roman qui dérange, qui choque mais qui passionne.»
Michel Désautels, Radio-Canada 95,1 FM, Désautels

«Un livre troublant.»
Paul Arcand, 98,5 FM, Puisqu’il faut se lever
«Une remarquable romancière. Un livre passionnant, bouleversant.»
Didier Oti, Radio-Canada International, Tam Tam Canada

À propos de Querelle d’un squelette avec son double

[…] «Je n’écris pas une littérature autobiographique au sens strict, par pudeur, et aussi par besoin de sortir de la réalité brute en recourant à la métaphore, à la dramatisation et au dynamisme du langage, afin d’atteindre une réalité plus vraie. Cependant, je n’aurais pas écrit Le Champ dans la mer, mon livre précédent, si je n’avais pas moi-même vécu dans un tiers monde, si je n’avais pas vu de mes propres yeux l’anéantissement d’une culture ancienne, si je n’avais pas vu des villes industrialisées; je n’aurais pas écrit ce livre-là si je n’avais pas connu un amour absolu, si je n’avais pas souffert de sa perte.»

«Il en est de même pour Querelle d’un squelette avec son double. Je n’aurais pas pu écrire un tel livre si moi-même je n’avais jamais connu le gouffre de la vie, si j’étais insensible aux misères des autres, si je ne m’étais jamais livrée au douloureux examen de ma propre conscience. Bref, quand j’écris, j’ai l’impression que ma vie entière (y compris mes émotions) est cristallisée dans le livre, entre les lignes, qu’elle devient une sorte d’objet d’art. Je crois que la littérature sert à cela. Il faut que l’œuvre dépasse l’auteur. C’est pour moi le sens d’écrire et de vivre.»

Avec un style dont on a surtout souligné par le passé la simplicité et la sobriété, la romancière, fascinée par la richesse du sens, par l’ambiguïté, se plaît à rappeler que chaque mot peut avoir une double signification. Il en va de même pour ses deux personnages. Qui est la copie, qui est l’originale? «Le livre pourrait être lu d’une autre façon, ce pourrait être l’histoire d’un seul personnage qui est la femme de A., les deux voix pourraient provenir d’une même personne. La querelle deviendrait alors un travail sur la conscience, un combat intérieur entre deux voix d’une même personne en contradiction avec soi, montrant deux faces d’un individu divisé.» Il n’y a pas à dire, Ying Chen aime cultiver l’ambiguïté. Pour le plus grand plaisir des lecteurs.

Éric Paquin, «Madame et son fantôme», Voir, 29 mai 2003.


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