Alternant nouvelles de forme classique, microrécits, listes, Francine Noël joue de tous les sortilèges de l’écriture pour nous donner le plus inattendu de ses livres.
Tissées dans la trame de ces textes si différents en apparence, deux histoires traversent tout le recueil. D’abord, la descente dans l’itinérance d’un ancien professeur de cégep permet à la nouvelliste de poser un regard à la fois lucide et compatissant sur une réalité urbaine plus actuelle que jamais. Ensuite, le périple intérieur d’Aurélie, qui soigne les filles-mères venues accoucher à l’Hôpital de la Miséricorde, à Québec, au lendemain de la Seconde Guerre, lui donne l’occasion de dessiner les multiples visages que prennent la charité ou la cruauté. De même que les visages de ces enfants, de ces orphelins, dont toute la vie se résume à attendre, jusqu’au jour où – s’ils ont un peu de chance – ils seront « choisis » par de nouveaux parents.
Mais ce que nous retiendrons surtout de ce premier recueil de nouvelles de Francine Noël, c’est le pur plaisir de donner vie à des mondes imaginaires, avec une fabuleuse inventivité et dans une souveraine liberté.