Depuis ses débuts en littérature, Robert Lalonde est un fervent et inlassable lecteur de la correspondance de Gustave Flaubert. Les lettres que l’auteur des Trois Contes a adressées à ses bons amis – Maupassant, George Sand, Tourgueniev, Bouilhet, Du Camp – et à sa chère Louise Colet ont été pour lui une source inépuisable d’inspiration et de réconfort pour sa carrière d’écrivain, pour sa vie d’homme.
Dans ce roman à la prémisse audacieuse, Lalonde revendique «l’imagination que donnent les vraies tendresses» – la formule est de Flaubert – pour engager une correspondance outre-tombe avec l’ermite de Croisset. Séparés par la mort, unis dans l’obsession des mots et de l’écriture, les deux compères échangent des propos d’atelier, ne cessent de s’émerveiller du pouvoir de la littérature. S’ils ronchonnent de concert en exprimant leur insatisfaction face à leurs époques respectives, Lalonde réussit quand même à étonner son «nouveau» vieil ami en décrivant certaines innovations qui caractérisent son monde à lui, notamment une façon d’aimer, inconnue au XIXe siècle, qui accorde aux deux sexes une parfaite égalité.
Ce nouveau roman de Robert Lalonde est un hommage passionné à un écrivain immense dont l’œuvre défie le temps. Il est également un livre de sagesse qui nous permet de prendre un recul salutaire par rapport à notre présent trop souvent désenchanté.