Jean-Jacques Nattiez est l’un des plus illustres musicologues contemporains. Il est professeur émérite à l’Université de Montréal, où il enseigne depuis 1970. Il s’est intéressé à l’ethnomusique chez les Inuits, entre autres sociétés. Il a consacré des études qui font autorité, à Pierre Boulez ou encore aux opéras de Wagner, dont il s’est attaché à faire ressortir le caractère antisémite. Il est également l’auteur d’une étude sur Proust musicien. Il a été professeur invité au Collège de France.
Toutefois, ceci (telle la pipe de Magritte) n’est pas une biographie. De la trahison des images qu’illustra le peintre belge par une entourloupe de génie, nous passons à la trahison des genres. Vous n’allez pas avec Jean-Jacques vous farcir l’histoire exhaustive du docte Jean-Jacques Nattiez, fameux musicologue; vous aurez, gaillardement posé sur lui, un regard libre, non le pedigree d’un savant mais un portrait en proximité d’un individu – Picasso campant Gertrude Stein, Bacon brouillant Michel Leiris, on achève bien les intellectuels…
Sylveline Bourion, en leste élève, fait de ce maître un humain trop humain, fils, frère, écolier, collectionneur, voyageur curieux, enthousiaste des choses de l’esprit, amoureux des arpèges, professeur tout sauf cinglé, varappeur de cimes dodécaphoniques, sherpa de bizuts et de surdoués, sensible aux égards, un brin infatué et bel et bien lui, né à Amiens en 1945…