Dans les colonies canadiennes, la première moitié du XIXe siècle est marquée par un nombre croissant de revendications territoriales émanant des Premières Nations en raison des pressions de la société coloniale sur leurs territoires. C’est cette prise de parole autochtone que cet essai analyse afin de mettre en valeur la participation des Premières Nations à la construction de l’État canadien entre 1815 et 1860.
À partir de l’étude des pétitions adressées à la Couronne par les Innus du Domaine du roi et les Anichinabés de la rive nord des lacs Huron et Supérieur, Mathieu Arsenault trace les contours d’un discours politique autochtone qui s’exprime dans le contexte des relations tendues entre les communautés en marge de l’espace colonial et le centre du pouvoir étatique. Face aux volontés d’expansion coloniale, ces communautés sont amenées à mobiliser des discours politiques axés sur la relation spéciale avec la Couronne afin de provoquer l’action de l’État et de négocier leur intégration au sein de l’espace colonial tout en préservant des rapports de nation à nation.
L’analyse de ces formes discursives permet à l’historien de préciser l’évolution de la politique indienne du gouvernement et du rôle du gouverneur durant cette période, et de démontrer pourquoi des approches différentes à l’égard des revendications territoriales autochtones furent mises en place dans les deux sections de la Province du Canada. Elle lui permet également d’aborder l’action politique et la résistance autochtone envers les politiques et les lois mises en place par l’État colonial dans les années 1850-1860, de même que leur opposition envers le transfert du département des Affaires indiennes de Londres vers la colonie.
En restituant aux Premières Nations leur rôle d’acteurs autonomes et en soulignant leur activisme politique, cet ouvrage propose un éclairage inédit sur la redéfinition de la politique indienne au XIXe siècle.