Je regarde autour de moi et constate avec étonnement que les objets qui ornent mon bureau n’ont jamais croisé le regard de l’homme que j’ai aimé. Ces dernières années, je me suis constitué un patrimoine exempt de peur. De mon buffet à ma bibliothèque, en passant par mon fauteuil, mes écouteurs et mes œuvres d’art, jusqu’au soleil qui entre dans la pièce à l’heure du dîner. Tout cela m’appartient.
Elle a aimé un homme. Elle a aimé son corps, sa tête. Elle a souhaité passer sa vie avec lui. Il lui a donné son fils. Mais il lui a aussi fait connaître la violence, la peur, la honte.
Écrire ce livre a pris près de dix ans. Dix années d’effacement et de recommencements. Tout, dans cette histoire, est instable, provisoire, et menace de prendre l’allure d’un renoncement.
Avec ce récit poétique lucide et courageux, Virginie Chaloux-Gendron se réapproprie sa parole. Le travail d’écriture se fait acte de survie.