Je regarde autour de moi et constate avec étonnement que les objets qui ornent mon bureau n’ont jamais croisé le regard de l’homme que j’ai aimé. Ces dernières années, je me suis constitué un patrimoine exempt de peur. De mon buffet à ma bibliothèque, en passant par mon fauteuil, mes écouteurs et mes œuvres d’art, jusqu’au soleil qui entre dans la pièce à l’heure du dîner. Tout cela m’appartient. Alors pourquoi ce sentiment persistant d’extrême vulnérabilité, de précarité?
Elle a aimé un homme. Elle a aimé son corps, sa tête, son histoire. Elle a souhaité passer sa vie avec lui. Il savait répondre à ce qu’il y a de fondamental en elle, son désir de vivre et de croire en demain. Il lui a donné son fils. Mais il lui a aussi fait connaître la violence, la peur, la honte.
Un jour, elle décide de prendre la parole, de dénoncer la violence qui fait partie de sa vie depuis près de sept ans. Une violence physique et psychologique qui, bientôt, laisse place à une nouvelle forme de violence, bureaucratique et judiciaire cette fois. Celle de raconter les faits, encore et encore, devant des policiers, des procureurs, des intervenants, des juges, des avocats. De remplir des formulaires, d’attendre toujours l’issue sans cesse repoussée de ces démarches.
Dans un récit poétique lucide, vulnérable et courageux, Virginie Chaloux-Genrdon expose toute la complexité des sentiments qui l’animent et, surtout, se réapproprie son histoire par l’écriture : « tout cela m’appartient », dit-elle. Tout l’amour qu’elle a éprouvé et tout ce qu’elle a réussi à reconstruire depuis.